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lunes, 3 de febrero de 2020

Denis Vermeulen

On a eu de la chance, mon ami, toi et moi, nous étions si contents de finalement laisser l´anglais de coté, et commencer avec quelque chose de nouvelle, un vrai défi: le français. Pour moi, la langue française avait toujours fait parti de la famille maternelle, même si ce n´était que des mots occasionnels, des petites phrases simples genre "Je m´appelle"..., phrases que, il faut dire, ma grand-mère m´apprenait avec passion et intensité. Mon oncle, lui aussi, cherchait à me transmettre un peu de son amour pour la langue de Molière, la langue de Verne et Rimbaud. 

Et aujourd’hui´hui, tant d´années plus tard, je leur remercie énormément bien sûr, mais je dois faire mention d´un personnage excentrique et curieux, le premier français qui a vraiment touché ma vie et qui a tout bouleversé: Denis Vermeulen. Cet homme n´a même pas un nom très français, et si je me rappelle bien, il venait du nord de la France (Lens?), mais il fut notre premier professeur de français ; un français qui est arrivé dans nos vies pour nous apprendre pas seulement la langue, mais la façon de vie, les petites merveilles du mode de vie français. Mon meilleur ami et moi, nous voulions tout apprendre, tout répéter, tout saisir. Ce personnage nous parlait en français rapide, sans pitié, sans s´arrêter  ou ralentir... TAK!:

-   BonjouggtoutlemondejemappelleDenisVeggmeulenetjesuisvotggepggoffeseuggdefggancais....

Merde! qu´-est-ce qu´il était difficile de comprendre ce qu´il nous disait! Il se moquait de nous peut-être, mais maintenant je comprends pourquoi il faisait ca: personne n´allait vraiment apprendre la langue (n´importe quelle langue, il faut dire) s´il allait tout doucement, il fallait se lancer tout de suite, directement, comme si l´on allait nager et on s´arrêtait devant la piscine pour toucher l´eau...voir si ca nous convient ou pas. NON! disait Denis, si vous avez des questions, vous levez la main et vous essayez en français.
Il a écrit sur le tableau:  yo = je , tú =tu.... AEIOU, ba be bi bo bü (il était intense concernant la correcte prononciation des voyelles, et nous expliquait que le français est une langue très nasale aussi). 

Je me souviens bien, un jour nous sommes arrivés tôt le matin (la classe commençait a 7heures du matin), et il faisait froid. On était tous gelés, assis mais toujours portant nos vestes, et le voilà Denis Vermeulen, très masculin, barbu, avec cet air inexplicable et absurdement français avec ce je ne sais quoi, bref, qui arrivait et déposait son veste sur la table, et qui nous obligeait a nous débarrasser des nôtres, et nous montrait comment générer un peu de chaleur en frottant nos bras avec nos mains.

Chaque jour il nous partageait quelque chose de nouvelle, et qui commençait, petit à petit, un feu brulant dans mon âme. Je voulais apprendre davantage, pratiquer plus, apprendre plus. Les chansons qu´il nous montrait, des étendards absolument français... chanson française, comme La vie en rose, de Piaf; mais aussi quelque chose de plus sympa, plus moderne et bohème comme La Rue Ketanou, et même l´innocence de la Brave Margot, par Brassens. C´était lui qui m´a parlé du film Les Choristes pour la première fois, et finirait par me recommander plusieurs d´autres films que j´avais hâte de regarder. C´est grâce a lui que j´ai voulu continuer les deux semestres prochaines avec français II et III (Bernard Gottofrey et Ana María Ramírez), et finalement j´ai décidé de partir un an en France, vivre chez ma chère famille Bouchardeau (ma famille française, celle qui m´a ouvert les portes de leur maison, et finalement montré ce qu´il voulait dire être un français, vivre tel qu´un, et en rester un dans mon cœur).

Je voulais juste parler de lui, ou qu´il soit, pour lui remercier toutes ces choses grandioses qu´il nous a offertes: la passion pour une culture nouvelle et différente, cette façon très française de vivre la vie et n´en avoir rien a foutre de ce que les autres pensent. 
Il a laissé en moi, sans doute, une lumière dorée qui brille sans fin tout au bout du chemin...